Cimentoplastie

Dr Timothée Lerebour – Centre Aquitain d’Imagerie.

Qu’est ce qu’un tassement vertébral

Les tassements vertébraux constituent une pathologie fréquente chez la personne âgée. Ils correspondent à des fractures des corps vertébraux, souvent d’origine ostéoporotique (fragilité osseuse par déminéralisation) et parfois secondaire à une lésion osseuse.

Ces tassements surviennent fréquemment après une simple chute de sa hauteur.

 

Qu’est-ce que la vertébroplastie ?

La vertébroplastie ou cimentoplastie est une technique mini-invasive initialement développée dans le
milieu des années 1980, qui consiste en l’injection d’un ciment médical dans une vertèbre.
La kyphoplastie est une variante de la cimentoplastie, dont le but est de restaurer la hauteur de la
vertèbre en plus de l’injection de ciment.

Pour quels patient(e)s, la vertébroplastie est-elle indiquée ?

L’indication principale est la fracture vertébrale récente (aussi appelée tassement) le plus souvent
d’origine ostéoporotique.
Les autres indications sont :
– Les fractures du sacrum d’origine ostéoporotique
– Les tumeurs malignes de l’os douloureuse
– Certaines tumeurs bénignes (angiome)

 

1 femme sur 4 de plus de 65ans, va
développer une fracture vertébrale
liée à l’ostéoporose

Quels sont les buts d’une vertébroplastie ?

1) Effet antalgique : Toute fracture est responsable d’une symptomatologie douloureuse, la
vertébroplastie permet une amélioration rapide des douleurs et un sevrage des antalgiques,
évitant ainsi les effets indésirables ou les problèmes liées à la polymédication.

2) Effet consolidateur : Toute fracture est responsable d’une déformation plus ou moins
importante, les déformations de la colonne vertébral, souvent comparée au « mat » du corps
humain, peuvent avoir de sérieuses conséquences : scoliose secondaire à la déformation,
douleurs chroniques, diminution de la capacité respiratoire, perte d’autonomie, troubles de
la musculature. La vertébroplastie ou la kyphoplastie réalisées précocement permettent
d’éviter toutes ces complications qui vont avoir un impact sur la qualité de vie.

3) Reprise rapide des activités : les douleurs disparaissent rapidement dans les suites d’une
vertébroplastie (le jour même ou le lendemain) permettant ainsi une remise sur pied du
patient, le but étant d’éviter l’alitement, lui-même source de complications.

 

Comment se déroule une vertébroplastie ?

La procédure a lieu dans une salle de radiologie interventionnelle avec normes d’hygiènes, la durée
totale est d’environ 1 heure.
Le patient est installé sur le ventre, une micro-incision (<1cm) est réalisée sur la peau permettant le
passage de canule. Sous contrôle radiologique permanent, les canules sont introduites dans la

vertèbre. Une fois en place, le ciment est injecté à l’état liquide jusqu’à obtenir un remplissage
satisfaisant de la vertèbre.
La procédure peut être répétée sur d’autres niveaux, en cas de fracture multiples.

Est-ce douloureux ?

Non, la procédure est réalisée sous sédation en présence d’un anesthésiste.
En cas de contre-indication à l’anesthésie générale, la procédure peut se dérouler sous anesthésie
locale avec les mêmes résultats.

Quelles sont les suites ?

Suites immédiates : le patient doit observer un repos strict au lit pendant environ 2heures, le temps
que le ciment injecté à l’état liquide se fige dans la vertèbre. Passé ce délai, le patient peut se lever.
Le retour à domicile est prévu soit le soir même soit le lendemain en fonction du patient et de la
structure d’accueil.

Suivi à distance : Il est primordial dans le cadre des fractures ostéoporotiques d’être pris en charge
par nos collègue rhumatologues afin de faire un bilan complet sur les facteurs ayant pu favoriser la
fracture. Cela passe par des examens biologiques, ostéodensitométriques et par la correction de
certaines carences.

20% des patients vont présenter une
nouvelle fracture vertébrale dans
l’année qui suit.

Y’a-t-il des complications ?

Les risques de la vertébroplastie sont faibles mais existent comme toute intervention
La principale complication est liée aux fuites de ciment en dehors du corps vertébral, lorsqu’elles
surviennent, elles sont le plus souvent asymptomatiques. La meilleure façon de prévenir ces fuites
est de contrôler en temps réel l’injection de ciment sous contrôle radiologique.
Les autres complications sont la douleur sur le site de ponction, l’infection et les hématomes sur le
trajet.

Existe-t-il des alternatives ?

L’alternative au traitement des fractures ostéoporotique par vertébroplastie est la mise en place d’un
traitement antalgique pouvant aller jusqu’à la morphine, du repos et la mise en place d’un corset
entre 6 semaines et 3 mois.

Quels sont les avantages de la vertébroplastie par rapport aux autres techniques ?

La vertébroplastie permet de soulager rapidement, quasi-instantanément les douleurs.
Elle permet de se passer des antalgiques et de leurs effets secondaires.
Elle permet une reprise rapide des activités contrairement au corset qui doit être porté entre
6semaines et 3 mois avec souvent une mauvaise tolérance et un inconfort.
La musculature du dos souvent négligée, n’est pas impactée du fait d’une remise sur pied rapide
tandis que l’immobilisation va avoir un effet néfaste.
La fracture est consolidée instantanément tandis qu’il existe des échecs de consolidation sous corset.

Le traitement des fractures
ostéoporotiques par vertébroplastie
diminue de 22% le risque de décès
comparativement aux patients non
traités. Résultats d’une étude parue
en 2020

La vertébroplastie entraine-t-elle d’autres fractures ?

C’est une idée souvent véhiculée mais qui n’a pas de preuve scientifique (étude VERTOS IV),
dans nos pratiques nous observons parfois de nouvelles fractures vertébrales survenant dans les
suites de vertébroplastie ; la confusion vient du fait que 20% des patients qui ont eu une fracture
vertébrale vont développer une nouvelle fracture dans l’année qui suit, avec ou sans vertébroplastie.
Ce phénomène est bien connu, c’est la « cascade » fracturaire. Pour l’éviter, il est important d’être
pris en charge par un rhumatologue pour s’occuper de la maladie de fond, l’ostéoporose.

Pour aller plus loin, la place de la vertébroplastie dans la littérature scientifique :

La place de la vertébroplastie dans le traitement des fractures ostéoporotiques fait encore débat.
Dans le contexte néoplasique, l’efficacité antalgique est validée et la procédure est recommandée
par les sociétés savantes oncologiques (lien n°4)
Depuis 2009, quatre essais randomisés en double aveugle (lien n°5) , se sont intéressés à l’effet
antalgique de la vertébroplastie dans le traitement des fractures ostéoporotiques. 3 de ces études
n’ont pas démontré de supériorité statistique sur la douleur.
Ces études ne s’intéressent pas à la diminution de la morbidité, à la reprise des activités personnelles
ou au maintien de l’équilibre statique du rachis ; autant de bénéfices apportés par la vertébroplastie.

Dans ce contexte, les preuves scientifiques se font encore attendre malgré le nombre croissant de
fractures vertébrales
Des critères de sélections des patients sont prochainement attendus par la société française de
rhumatologie.